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Echelon/Frenchelon : mythes et réalités

Ce ne sont que quelques notes, rédigée à l’occasion d’une conférence donnée à l’IEP de Rennes à l’invitation de l’association YSEGORIA [1] le 14 avril dernier, et que je viens de mettre en ligne, extraits :

Introduction

Le programme anglo-saxon d’écoute des télécommunications, surnommé « Echelon », qui fait de temps à autres les choux gras d’Hollywood et de certains jeux vidéos, et constitue l’un des sujets de prédilection des adeptes des « théories de la conspiration », est un « secret défense » plus ou moins battu en brèche par certains journalistes et défenseurs des droits de l’homme et de la vie privée.

« Frenchelon [2] », son (relatif) équivalent français (et partiellement européen), est bien moins connu : révélée en 1998, son existence n’a jamais entraînée qu’une poignée d’articles de quelques journalistes (un anglais, cinq français), quand bien même plusieurs rapports parlementaires, et communiqués de presse du ministère de la Défense, en parlent à mots couverts.

Dans les deux cas, ils ne sont que la partie emergée d’un iceberg dont l’ampleur croît à mesure que se développe la société de l’information; la question reste en effet de savoir ce qui, de l’espionnage militaire (et politique, et industriel), ou de la surveillance administrative (et policière, et domestique), constitue la plus grande menace en termes de libertés, et de démocratie.

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Chronique d’une médiatisation
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La guerre électronique, pendant militaire de l’explosion des « telcos »
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Vers une banalisation de l’espionnage domestique
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Conclusion

Echelon, Frenchelon et ses pairs ne sont pas prêts de disparaître, d’autant que la tendance est aujourd’hui à la banalisation des diverses formes de surveillance. La vidéosurveillance se fait « intelligente », les puces RFID commencent à être couplées aux modules de géolocalisation GPS, la traçabilité devient la norme, la vie privée un obstacle à la sécurité, « première des libertés ».

Ce que la technologie permet, la loi l’autorise. Ce qui, il y a quelques années, avant l’explosion de l’internet et de ses « nouvelles technologies », n’aurait pu passer, parce que la société civile aurait été scandalisée, et que les politiques auraient réagi, passe aujourd’hui comme une lettre à la Poste. Il suffit d’intaller tel ou tel logiciel, et de « cliquer là ».

La nouvelle loi Informatique et Libertés va ainsi à l’encontre de ce pour quoi elle avait initialement été adoptée. En 1978, elle visait à proscrire les dérives connue par la France, en matière de fichage de la population, sous l’occupation. Sa révision, en 2004, a libéralisé la création de fichiers administratifs et policiers, ôtant à la CNIL tout pouvoir de blocage de telles interconnexions.

Si l’espionnage (militaire, politique, économique) fait traditionnellement fi de la loi, le fait que la surveillance administrative et policière soit légalisée, et que leurs technologies fassent partie des secteurs de l’industrie « high tech » les plus en vue, et rémunérateurs, fait pour le moins le lit de « Big Brother ». A ceci près qu’il n’y a pas « un » Big Brother, mais qu’ils sont légions.

La question est moins celle des seuls programmes Echelon et Frenchelon -si illégaux, onéreux et potentiellement liberticides soient-ils- que celle de cette société de l’information qui, sous couvert d’administration et de gouvernance électronique, d’optimisation du marché par la traçabilité et de lutte contre l’ « insécurité », tend de plus en plus vers une société de surveillance.

Pour ceux que cela intéresse, la totale est là : http://jean-marc.manach.net/CQ/echelon.html [3].