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Le spam, outil essentiel du commerce électronique (Patrick Devedjian)

Je viens de publier, sur InternetActu, un article sur la confusion entre contenu éditorial et sponsoring publicitaire, sur l’influence de la publicité sur l’internet, et retour : Extension du domaine de la pub [1].

L’article étant un peu long, trois paragraphes en ont été coupés, je les reproduis ici, pour mémoire, parce que l’objet [2] de rewriting.net est justement de rendre public les (extraits d’)articles qui n’ont pas été retenus par les rédactions, et puis parce qu’à l’époque, personne n’avait parlé de cette étrange confession d’un ministre à la profession de marchands de pubs et de données personnelles :

Non content d’avoir contrarié le développement du marketing par e-mail, et terni l’image de la publicité sur l’internet, le spam est également devenu l’un des principaux vecteurs de propagation des virus, chevaux de troie, malwares et autres spywares. Le problème du pourriel est tel qu’il mobilise contre lui, non seulement les multinationales de la communication, mais aussi les gouvernements et de nombreuses instances multilatérales (de la Commission européenne à l’ONU en passant par l’OCDE), et qu’il a entraîné l’adoption de lois dans la majeure partie des pays occidentaux. Résultat : pas grand chose, à ce jour en tout cas, sinon qu’elles encadrent, et donc facilitent, le commerce électronique, et ce d’autant plus que la rédaction de ces lois ont, comme ce fut le cas en France, fait l’objet d’un fort lobbying de la part des entreprises de marketing direct.

Patrick Devedjian, alors ministre délégué à l’industrie, avait pour sa part commis un délicieux lapsus [3] suite à l’adoption de la Loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN). Intervenant lors de l’assemblée générale de la Fédération des entreprises de vente à distance (FEVAD), le ministre expliqua ainsi que « le spam est un fléau venant souvent de l’étranger qui représente près de 50% des mails circulant sur Internet aujourd’hui. Mais c’est un outil essentiel pour votre profession ; grâce à votre auto régulation, je suis certain que vous saurez en user sans en abuser !« .

A l’appui de cette défense et illustration du spam, « outil essentiel » du commerce électronique, le ministre rappelait en effet que « conformément à la directive européenne, la publicité électronique sans consentement préalable est autorisée quand elle est destinée aux entreprises et aux professionnels« , et précisait enfin que « les entreprises pourront continuer à utiliser leurs fichiers existants de clients » -y compris lorsque ceux-ci avaient été préalablement constitués illégalement- dès lors que les sociétés obtenaient, dans les 6 mois, le consentement des internautes préalablement fichés. A ce titre, le Journal du Net [4] rapportait pour sa part que « les opérations de mise en conformité avec la LCEN n’ont pas toutes respecté la loi« …