Les DRM sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio

12/03/2006, par jmm
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Les DRM sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio : incompatibles, inacceptables, inappliquables. Et plus il y aura de DRM, plus il y aura d’utilisateurs de logiciels libres. Et plus il y aura d’utilisateurs de logiciels libres, moins les DRM seront applicables, respectés, et donc efficaces. Les DRM sont même probablement l’une des principales raisons de migrer Microsoft/Windows à GNU/Linux. Migration qui, lorsqu’elle se passe bien -ce qui est de plus en plus le cas-, est généralement définitive, et ne supporte aucun retour en arrière : une fois qu’on a goûté à la liberté…

L’obligation des DRM, telle que prônée par les défenseurs de la DADVSI, revient à se tirer une balle dans le pied, ne serait que parce que de nombreuses techniques de contournement des DRM apparaîtront : on ne peut décemment pas convier les gens à acheter un produit sciemment dégradé, offrant moins de possibilités que ceux que l’on peut trouver, gratuitement, par ailleurs. Et parce que l’on n’établit pas une relation de confiance, et qu’on ne peut a fortiori pas faire de commerce, avec des clients que l’on traite comme autant de présumés voleurs.

J’avais eu l’occasion, sur InternetActu.net, de m’exprimer à ce sujet, et d’expliquer en quoi les DRM allaient faire de moi un délinquant en puissance parce que je n’aurai d’autres choix que de les contourner. La DADVSI assimile en effet ce type de contournement à de la contrefaçon, quand bien même c’est la seule façon qui est offerte aux utilisateurs de logiciels libres de pouvoir lire ce type de fichiers « protégés« , et quand bien même (bis) je les ai le plus légalement du monde acheté.

majoors.com

Invité, ce 10 mars, à intervenir au Colloque Projet de loi DADVSI et Contrat Social organisé par le Master Droit des Nouvelles Technologies de Paris X-Nanterre (où j’ai l’heur d’intervenir, par ailleurs), j’ai enfin pu échanger quelques mots avec Marc Guez, Directeur Général Gérant de la Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP), « qui réunit de nombreux producteurs indépendants ainsi que les sociétés internationales comme BMG, EMI, Sony, Universal et Warner (…) et représente plus de 80% des droits des producteurs français, soit l’essentiel du répertoire phonographique« , et constitue l’un des principaux soutiens à la DADVSI (le seul, d’ailleurs, à être intervenu lors de ce colloque).

Marc Guez est aussi l’un des rares défenseurs de la DADVSI à (prétendre) connaître les DRM, ces Mesures Techniques de Protection (MTP) qui font donc tant débat, et soulèvent l’ire des utilisateurs de logiciels libres (eucd.info en tête). Comme le note Pierre Habouzit dans son compte-rendu du colloque, Marc Guez a surtout brillé, d’une part par son incorrection (il n’a cessé de couper la parole aux utilisateurs de logiciels libres), et son incompétence en la matière.

S’il reconnaît benoîtement qu' »effectivement, nous n’avions, mais alors pas du tout prévu le problème des Logiciels Libres« , il est aussi d’une mauvaise foi typique aux politiques et lobbyistes, et affiche un superbe mépris. Interrogé sur cette incongruité de vouloir imposer des DRM dans les logiciels libres (au nom de la défense de l’industrie musicale), comme si l’on imposait la présence de pesticides dans les produits bio (au nom de la défense de la filière agricole), Marc Guez… m’accuse d’être « sectaire« , et réclame des « concessions« .

Mais je ne lui ai rien fait, moi, à l’industrie musicale ! Je ne pirate rien, je fais même partie de cette infime minorité de gens à ne pas être en infraction avec la loi : utilisateur de logiciels libres, je n’ai pas besoin de pirater quelque logiciel que ce soit, et contrairement à la majeure partie des utilisateurs d’ordinateurs, je ne peux donc pas, à ce jour, être accusé de contrefaçon. Avec la DADVSI, si. Et j’attends toujours que l’on m’explique au nom de quoi je devrais -et tous les autres utilisateurs de logiciels libres avec- accepter d’ingurgiter des pesticides, moi qui ne mange que bio…

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Réf. [ (In)sécurité, FUD ]
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12 Réponses a “Les DRM sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio”

  1. Jean Lespinasse :

    Vous êtes réducteur. Les 4 majors contrôlent 95,7 % du marché de la distribution et l’objet des DRM n’est pas uniquement de (tenter de) contrôler le marché du disque mais aussi celui de tout bien culturel numérisé.

    Source : Actualités SPEDIDAM n° 46 :

    http://www.spedidam.fr/actu/pdf/Actualite46.pdf

    Lisez-les aussi. Ils sont aux premières loges, ils ont les chiffres, ils nous apprennent beaucoup.

  2. Vorace :

    arrêtez de monager bio, c pas bon pour les neurones :) La preuve ? lisez vous !

    aurais-je si mal écrit tant de bêtises que ça ?
    jmm

  3. karg se :

    citation : arrêtez de monager bio, c pas bon pour les neurones :) La preuve ? lisez vous !

    effectivement monager bio est dangereux (je ne sait pas ce que c’est mais principe de précaution oblige) mais manger bio est relativement sain, car les traitements qui élimine les risques alimentaires (notamment fongique) reste obligatoire…

  4. Yves :

    Imposer des pesticides dans les produits bio? On en est pas très très loin, on contrôle déjà les graines autorisées:
    http://www.kokopelli.asso.fr/actu/new_news.cgi?id_news=55

  5. ko :

    … et on abaisse toujours plus les critères de certif’…

  6. mustapha :

    je veux pirater tout les logiciels du mondes entier

  7. mohammed :

    mohammed bouslahmi
    salut : il faut que tu comprendras artisanal carreleur et artiste carreleur voila web http://www.horscane.photosite.com je souhaite vous a bientot email [email protected] email [email protected]

  8. mohammed :

    mohammed bouslahmi
    salut : il faut que tu comprendras artisanal carreleur et artiste carreleur voila web http://www.horscane.photosite.com je souhaite vous a bientot email [email protected] email [email protected]

  9. rewriting.net » C’est (au journal) officiel : je suis un (libre) voleur (du savoir numérique) :

    […] A l’instar de nombreux autres observateurs, je déplorais dans le même temps le fait que le projet de loi ne prévoit strictement rien pour les utilisateurs de logiciels libres et de systèmes d’exploitation GNU/Linux, qui sont dans l’impossibilité de lire nombre de CD et DVD : leurs “mesures techniques de protection” (MTP, ou DRM) ne fonctionnent que sous Windows & Mac (pour une explication plus détaillée, voir “Les DRM sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio“). Alors que les utilisateurs de PC “libres” faisaient partie des rares à ne pas pouvoir être soupçonnés d’enfreindre la loi, la DADVSI va les pousser à la contrefaçon, et les faire rejoindre la cohorte de tous ceux, majoritaires certes, mais hors la loi, pour qui le piratage des logiciels est une pratique somme toute banale. […]

  10. proxy :

    Bjr,
    Bravo pour cet article.
    Il est possible aussi de désactiver les DRM sur Windows en mettant les mains dans le cambouis via la Base de Registres puis en virant les fichiers espions de Windows idem pour le traître de WMP.
    @+

  11. rewriting.net » Les députés n’auront pas le droit de lire CD et DVD (& moi non plus, d’ailleurs) :

    […] J’en avais déjà parlé, l’an passé, sur InternetActu : “Je ne suis pas (encore) un voleur”. J’avais appronfondi la question ici-même, il y a près d’un an : “Les DRM sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio”. J’avais, en début d’année, suite à la publication du décret faisant de moi un délinquant, écrit un nouveau billet à ce sujet : “C’est (au journal) officiel : je suis un (libre) voleur (du savoir numérique)”. […]

  12. bncbxxpg :

    qkTmpJ xnzopwhyphky, [url=http://brxkgcfmpuua.com/]brxkgcfmpuua[/url], [link=http://lrtwtyvfqrjk.com/]lrtwtyvfqrjk[/link], http://crgcluhxokie.com/

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