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Un autre 11 septembre est possible, et il a 100 ans

« Il y a eu trois 11 septembre dans l’histoire. Celui de New York en 2001, celui du Chili en 1973 et le 11 septembre non-violent de 1906. Ce dernier est celui de la satyagraha initiée par Gandhiji [en Inde, le suffixe -ji marque un profond respect] en Afrique du Sud. Dans les trois cas, les auteurs du 11 septembre voulaient changer le monde. Dans deux cas, ils ont apporté destructions, effusions de sang, misère et chaos, alors que seules les armes de désobéissance massive, les ADM du Mahatma, ont aidé le monde à s’améliorer« , écrit The Hindu [1] dans son éditorial.

Je l’avais repéré ce matin pour ma revue de la presse [2] internationale du Monde, mais le Courrier International l’a plus, et mieux traduit [3] :

[4]« Gandhi a lui-même qualifié le 11 septembre 1906 comme étant le jour où tout a commencé : son combat basé sur la non-violence et l’organisation des grands mouvements pacifiques de désobéissance civile. Aujourd’hui, c’est le centenaire de ce mouvement de résistance non-violente, qui s’appuyait également sur la satyagraha, un terme inventé par Gandhi pour désigner la « force de la vérité », qui amène l’adversaire à réviser son point de vue et à reconnaître ses torts sans recours à la violence.

Pour finir, l’éditorialiste cite une phrase du « vieil homme » qui « donne à réfléchir : à force d’appliquer le principe d’œil pour œil, le monde entier deviendra aveugle ».

Aux Etats-Unis, plusieurs dizaines [5] d’articles relaient cette commémoration-là. Personne n’en parle en France, à l’exception de Politis [6], la semaine passée :

[7]Le 11 septembre 1906, Gandhi réunissait trois mille personnes au Théâtre impérial de Johannesburg pour prêter serment de « désobéissance ». Bien qu’occulté depuis 2001 par un autre 11 septembre, le centenaire de cet acte contestataire et fondateur coïncide avec la recrudescence, en France, de cette forme de protestation collective. Des mobilisations non-violentes touchent aujourd’hui tous les secteurs de la société, qu’elles soient en faveur des étrangers sans-papiers, anti-OGM, pour le droit au logement, antipub, contre les laboratoires pharmaceutiques, contre le partage du secret professionnel dans le secteur de la santé publique ou contre le fichage génétique. Pour la juriste Évelyne Sire-Marin (voir ci-contre), une telle augmentation des actes de désobéissance civique est un symptôme des dysfonctionnements de notre démocratie.

 

Dessins d’Etienne Lecroart [8] republiés avec son aimable autorisation.