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Les DRM sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio

Les DRM [1] sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio : incompatibles, inacceptables, inappliquables [2]. Et plus il y aura de DRM, plus il y aura d’utilisateurs de logiciels libres. Et plus il y aura d’utilisateurs de logiciels libres, moins les DRM seront applicables, respectés, et donc efficaces. Les DRM sont même probablement l’une des principales raisons de migrer Microsoft/Windows à GNU/Linux. Migration qui, lorsqu’elle se passe bien -ce qui est de plus en plus le cas-, est généralement définitive, et ne supporte aucun retour en arrière : une fois qu’on a goûté à la liberté…

L’obligation des DRM, telle que prônée par les défenseurs de la DADVSI, revient à se tirer une balle dans le pied, ne serait que parce que de nombreuses techniques de contournement des DRM apparaîtront : on ne peut décemment pas convier les gens à acheter un produit sciemment dégradé, offrant moins de possibilités que ceux que l’on peut trouver, gratuitement, par ailleurs. Et parce que l’on n’établit pas une relation de confiance, et qu’on ne peut a fortiori pas faire de commerce, avec des clients que l’on traite comme autant de présumés voleurs.

J’avais eu l’occasion, sur InternetActu.net, de m’exprimer [3] à ce sujet, et d’expliquer en quoi les DRM allaient faire de moi un délinquant en puissance parce que je n’aurai d’autres choix que de les contourner. La DADVSI assimile en effet ce type de contournement à de la contrefaçon, quand bien même c’est la seule façon qui est offerte aux utilisateurs de logiciels libres de pouvoir lire ce type de fichiers « protégés« , et quand bien même (bis) je les ai le plus légalement du monde acheté.

majoors.com [4]

Invité, ce 10 mars, à intervenir au Colloque Projet de loi DADVSI et Contrat Social [5] organisé par le Master Droit des Nouvelles Technologies [6] de Paris X-Nanterre (où j’ai l’heur d’intervenir, par ailleurs), j’ai enfin pu échanger quelques mots avec Marc Guez, Directeur Général Gérant de la Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP [7]), « qui réunit de nombreux producteurs indépendants ainsi que les sociétés internationales comme BMG, EMI, Sony, Universal et Warner (…) et représente plus de 80% des droits des producteurs français, soit l’essentiel du répertoire phonographique« , et constitue l’un des principaux soutiens à la DADVSI (le seul, d’ailleurs, à être intervenu lors de ce colloque).

Marc Guez est aussi l’un des rares défenseurs de la DADVSI à (prétendre) connaître les DRM, ces Mesures Techniques de Protection (MTP) qui font donc tant débat, et soulèvent l’ire des utilisateurs de logiciels libres (eucd.info [8] en tête). Comme le note Pierre Habouzit dans son compte-rendu [9] du colloque, Marc Guez a surtout brillé, d’une part par son incorrection (il n’a cessé de couper la parole aux utilisateurs de logiciels libres), et son incompétence en la matière.

S’il reconnaît benoîtement qu' »effectivement, nous n’avions, mais alors pas du tout prévu le problème des Logiciels Libres« , il est aussi d’une mauvaise foi typique aux politiques et lobbyistes, et affiche un superbe mépris. Interrogé sur cette incongruité de vouloir imposer des DRM dans les logiciels libres (au nom de la défense de l’industrie musicale), comme si l’on imposait la présence de pesticides dans les produits bio (au nom de la défense de la filière agricole), Marc Guez… m’accuse d’être « sectaire« , et réclame des « concessions« .

Mais je ne lui ai rien fait, moi, à l’industrie musicale ! Je ne pirate rien, je fais même partie de cette infime minorité de gens à ne pas être en infraction avec la loi : utilisateur de logiciels libres, je n’ai pas besoin de pirater quelque logiciel que ce soit, et contrairement à la majeure partie des utilisateurs d’ordinateurs, je ne peux donc pas, à ce jour, être accusé de contrefaçon. Avec la DADVSI, si. Et j’attends toujours que l’on m’explique au nom de quoi je devrais -et tous les autres utilisateurs de logiciels libres avec- accepter d’ingurgiter des pesticides, moi qui ne mange que bio…