- rewriting.net - https://rewriting.net -

Tina Kieffer, « dont l’humanisme n’est plus approuvé »

« Marie Claire s’engage, raconte, dénonce et soutient les femmes« … mais pas forcément les journalistes de Marie Claire.

Marie Claire s'engageA l’occasion de la journée de la femme, Marie Claire lançait la rose Marie Claire [1], une opération humanitaire au profit de la scolarisation des petites filles.

Si la moitié du prix des roses (qui portent donc le nom du magazine et ont été lancées à grands renforts d’échanges marketing et autres publi-rédactionnels) sera reversée à deux associations, il se trouve que l’une des deux, dans un objectif de transparence [2] fort louable, précise que son « Président est nommé pour toute la durée de vie de l’association« , le président en question n’étant autre que Tina Kieffer, directrice de la rédaction de Marie Claire. Autre signe de tant de vertus humanitaires, le nom de domaine la-rose-marie-claire.org [3] ne renvoie plus vers l’opération en question [1], mais vers la Une de Marie Claire.

Pour Acrimed [4], le SNJ (Syndicat National des Journalistes) et le SNJ-CGT, le « mélange des genres: aide humanitaire, journalisme de connivence, promotion de la marque Marie Claire et de sa directrice de rédaction » et le côté publicitaire de la chose sont d’autant plus malvenus qu’au même moment, une journaliste, grand reporter depuis vingt-deux ans, venait d’être licenciée [5] « de manière brutale, pour l’exemple, à la suite d’une action collective émanant de huit journalistes qui dénonçaient de graves dysfonctionnements » au sein de la Marie Claire qui, « en sacrifiant aux intérêts des annonceurs, a fini par priver les journalistes de leur liberté au bénéfice des chargés de communication et des publicitaires« .

La rose Marie ClaireQuelques jours plus tard, le Groupe Marie Claire diffusait un communiqué de presse confondant : la provenance des roses n’ayant pas été contrôlée, Marie Claire s’y engage à vérifier qu’elles n’ont pas été conditionnées par de petites filles exposées de façon « prolongée aux pesticides et fertilisants (entraînant stérilité des femmes et malformation foetale)« .

En attendant, « Tina Kieffer, la directrice de la rédaction de Marie Claire, dont l’humanisme n’est plus approuvé » (sic), prépare déjà « avec enthousiasme l’opération de communication humanitaire intégrale 2007« …

Reste à savoir qui, de l’humanitaire de Tina Kieffer, ou des sept journalistes contestataires de Marie Claire, va le plus, et le mieux, sentir la rose dans cette affaire.

L’intégralité du mail en question :

Objet: Maintien de l’opération « La rose Marie Claire »

Le groupe Marie Claire a décidé de mener jusqu’à son terme l’opération « La rose Marie Claire » en faveur de la scolarisation des petites filles du monde entier. En effet, de nombreuses associations « écologistes » et quelques bloggers ont soulevé la question de la provenance des roses que nous avons mises en vente.

Le magazine Marie Claire, toujours à la pointe du combat des femmes, ne peut en aucun cas cautionner les conditions de travail inhumaines dans lesquelles des fleurs sont produites dans certains pays: travail des enfants, exposition prolongée aux pesticides et fertilisants (entraînant stérilité des femmes et malformation foetale), appauvrissement des ressources en eau…

Parmi toutes les fleurs que le Groupe Marie Claire a mises en vente, seul le lot estampillé Max Havelaar a fait l’objet d’un contrôle éthique des condition de production. Marie Claire s’engage à commanditer une enquête indépendante sur la provenance géographique et les conditions de production du second lot: celui ayant transité par la Hollande.

Les hasards de la programmation audiovisuelle ont voulu qu’un documentaire « Les années Marie Claire », soit diffusé sur France 2, simultanément à notre généreuse opération « La rose Marie Claire ». Cette coïncidence -soulignée par des groupes média concurrents-, a pu apparaître comme un plan de communication destiné à relancer les ventes du magazine.

Tina Kieffer, la directrice de la rédaction de Marie Claire, dont l’humanisme n’est plus approuvé, prépare avec enthousiasme l’opération de communication humanitaire intégrale 2007, qui, nous en sommes certains, déclenchera autant de relais presse que l’édition 2006.