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C’est (au journal) officiel : je suis un (libre) voleur (du savoir numérique)

Fin 2006, je me découvrais vieux con [1], déplorant que nos petits enfants se fassent offrir des jouets leur permettant d »espionner où on veut et comme on veut… même dans le noir (et) sans bouger !« . Début 2007, j’apprends que je suis un voleur [2], passible de 750 euros d’amende, parce que je n’utilise que des logiciels libres.

Downloading communism [3]En janvier 2006, j’écrivais un édito intitulé « Je ne suis pas (encore) un voleur [4]« , pour InternetActu. En pleines polémiques sur le projet de loi DADVSI visant à réprimer le P2P, je me permettais en effet de rappeler que :

La société de l’information a ceci de particulier que la majeure partie des gens y ont été (ou sont encore) en infraction avec la loi (…) je ne connais personne qui n’ait, un jour, utilisé de versions “pirates” de logiciels. (…) Qu’on le veuille ou non, le développement des usages, et du marché des NTIC, repose en bonne partie sur le “piratage“.

A l’instar de nombreux autres [5] observateurs, je déplorais dans le même temps le fait que le projet de loi ne prévoit strictement rien pour les utilisateurs de logiciels libres et de systèmes d’exploitation GNU/Linux, qui sont dans l’impossibilité de lire nombre de CD et DVD : leurs « mesures techniques de protection » (MTP, ou DRM) ne fonctionnent que sous Windows & Mac (pour une explication plus détaillée, voir « Les DRM sont aux logiciels libres ce que les pesticides sont aux produits bio [6]« ).

Alors que les utilisateurs de PC “libres” faisaient partie des rares à ne pas pouvoir être soupçonnés d’enfreindre la loi, la DADVSI va les pousser à la contrefaçon, et les faire rejoindre la cohorte de tous ceux, majoritaires certes, mais hors la loi, pour qui le piratage des logiciels est une pratique somme toute banale.

La DADVSI a été adoptée. Elle n’oblige nullement les ayant-droits à me permettre de lire les produits qu’ils mettent en vente dans le commerce. Le Journal Officiel nous apprend [7] par contre que la DADVSI punit désormais d’une amende de 750€ ceux qui contourneraient les « mesures techniques » de protection de ces oeuvres-là.

Si d’aventure il m’arrivait d’acheter un tel bien culturel, en « vente libre« , il me faudrait le pirater pour pouvoir en profiter sur mon « OS libre« . Tout ça parce que je fais partie de ces libres enfants du savoir numérique [8] ( * [9]) pour qui la connaissance n’a pas de prix, pour qui la culture n’est pas d’abord une industrie, et qui réclament le « droit de lire [10]« , tout simplement.

Libre [11], je suis donc un voleur. Les propriétaires [12] qui m’empêchent de pouvoir lire ce que je leur ai acheté, non.

Downloading capitalism [3]M’est avis que nous serons de moins en moins nombreux à aller acheter leurs produits culturels, et de plus en plus nombreux à privilégier les contenus « libres« , d’autant qu’il y en a, tout plein, ici & là :

http://musique-legale.info/ [13] : plein de musique gratuite et légale à télécharger, en MP3 ou en Ogg Vorbis

http://www.dogmazic.net/ [14] : 729 heures de musique disponibles, soit 9272 morceaux par 1024 groupes et 110 labels sous 25 licences écoutés ou téléchargés 11867875 fois en 715 jours, cela en toute quiétude et en toute légalité

http://www.goingware.com/tips/legal-downloads.html [15] : Links to Tens of Thousands of Legal Music Downloads

http://www.archive.org/details/audio [16] : +110 000 audio recordings from alternative news programming to Grateful Dead concerts, to Old Time Radio shows, to original music contributed by users.

http://www.archive.org/details/netlabels [17] : the Netlabels collection at the Internet Archive hosts complete, freely downloadable/streamable, often Creative Commons-licensed catalogs of ‘virtual record labels’.

http://www.phlow.de/netlabels/index.php/Main_Page [18] : the Netlabel Catalogue, a list, index, directory of music labels which offer you free downloads from their pages.

http://www.prisonsoup.com/ [19] : electro experimental netlabel : mp3 libres de droits pour la diffusion, distribution ou la modification, dans le respect de la licence art libre.

etc., etc. si vous en connaissez d’autres, particulièrement pertinents, n’hésitez pas, faites tourner !


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*. une anthologie du « libre » préparée par Olivier Blondeau et Florent Latrive, avec des textes de Richard Stallman, Bruce Sterling, John Perry Barlow, Richard Barbrook… l’une des bibles de la (contre-)culture « libre« , qui existe en version papier [8], aux éditions de l’Eclat, mais que l’on peut aussi librement lire & consulter sur le web, [8].