Mais pourquoi la 785e compagnie de guerre électronique utilise-t’elle Microsoft/Office ?
09/06/2005, par jmm[ Impression | 1 réaction ]
Le portail des achats du ministère de la défense fait partie de mes lectures épisodiques, parce que parfois cela s’avère intéressant.
On y apprend ainsi que la 785e compagnie de guerre electronique utilise Microsoft Windows, & Office.
En soi, rien que de très habituel. A ceci près que la 785e CGE « représente la composante expérimentale de la Guerre Electronique », qu' »elle se doit d’assurer une veille technologique dans le domaine des télécommunications » et que « pour se faire, elle dispose aujourd’hui d’une palette de techniciens spécialistes de très bon niveau ayant fait leurs armes dan (sic) nos régiments de Guerre Electronique« .
Et qu’on a donc du mal à comprendre pourquoi, dans son récent avis de marché portant sur l’acquisition de 18 micro-ordinateurs fixes, 24 micro-ordinateurs portables, soit 42 ordinateurs, le marché porte également sur une licence OPEN 42 postes Microsoft office édition professionnelle.
Pourquoi ne pas avoir plutôt opter pour OpenOffice, logiciel libre (et gratuit) remplissant les mêmes tâches ? Pour faire comme d’hab’ et ne pas perturber les us et coutumes de cette unité expérimentale et donc à la pointe de la « guerre de l’information » ? Et quid du système d’exploitation ? Il n’est pas évoqué dans l’avis de marché. Mais pourquoi acheter des licences Microsoft Office sinon pour les utiliser sous Microsoft Windows ?
En 2001, le général Desvignes, ancien chef du service central de la sécurité des systèmes d’information, déplorait le fait que « dans les forces armées (françaises, mais pas seulement, NDLR), Bill Gates règne en maître« . En 2003, il s’inquiètait de l’indépendance informatique du pays, et prônait l’adoption de logiciels libres.
Le député Bernard Carayon rappelait pour sa part l’an passé que :
« Les systèmes d’exploitation, constituent une des sources de vulnérabilité majeure des systèmes d’information. La France, comme la plupart des autres pays européens, présente une forte vulnérabilité technologique dans ce domaine et seule l’utilisation des logiciels libres de droit peut aujourd’hui encore constituer une parade possible.
(…)
Les applications bureautiques constituent une cible privilégiée pour accéder à l’information. La productivité des entreprises dépend, pour une large part, de ces logiciels. Microsoft a réussi à imposer un standard – Microsoft Office – et les grands acteurs, comme Adobe, sont américains. Comme pour les systèmes d’exploitation, l’alternative à l’hégémonie américaine pourrait venir des logiciels libres. »
L’année d’avant, il avait déjà tiré la sonnette d’alarme :
« Votre Rapporteur constate que les services de l’État et ses établissements publics utilisent, y compris pour des fonctions sensibles, des solutions informatiques étrangères (…) ne présentant pas, c’est le moins que l’on puisse dire, toutes les garanties de sécurité »
De même, on est aussi en droit de se demander pourquoi, dans l’avis sus-cité, « les formats utilisés pour la transmission électronique des plis sont : Word 97, Excel 97, Powerpoint 97, P.D.F., tous compatibles P.C.« .
L’avis précise cela dit opportunément que… « l’administration utilisera un antivirus avant de réceptionner ou non un pli« . Nous voilà rassurés.
REFs :
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17th septembre 2005 / 15:11:22
L’indépendance informatique, c’est une vaste blague.
Oui on a des systèmes libres, mais en France combien d’entreprises paient des développeurs pour améliorer un noyau linux, ou bsd, ou créer des distributions (Mandriva peut-être…)? Ensuite, aucune dépendance n’existe au niveau du matériel: pas de fondeur européen(je me trompe peut-être), il existe des designs de matériel open-source (voir opencores) mais on ne peut les synthétiser que sur des FPGA américains(là encore, je me gourre peut-être mais je ne pense pas être loin de la vérité)…
Dans ces conditions, autant filer des licences Office à des personnels qui auront à surveiller des documents venant de n’importe où et de n’importe qui, les sources en question n’ayant pas toujours l’obligeance de divulguer leurs documents dans un format ouvert, et les filtres d’import n’étant pas le fort d’OpenOffice.
Economiquement, le temps passé à batailler avec des filtres d’import est sûrement beaucoup plus cher que le prix des licences!