A quand une loi pour nous greffer une caméra de vidéosurveillance ?
29/07/2007, par jmm[ Impression | No comment ]
Le titre de ce billet est un peu « court », mais il résume en partie les propos que j’ai tenu, ce samedi 28 juillet, dans l’émission France Inter 2.0.
Thierry Steiner (qui m’avait fait intervenir, toujours au sujet de la société de surveillance, au Téléphone Sonne il y a 10 jours) n’a retenu que 2 des quelques 20 ou 30 minutes de l’entretien que nous avions eu.
A défaut de pouvoir en retranscrire la totalité, en voici le verbatim (en attendant les extraits, revus et corrigés, du Téléphone Sonne), ainsi que l’intégrale en .mp3, d’autant qu’il y fut aussi question de l’Ordissimo, dont j’avais déjà parlé en mai 2005 à l’ocasion d’un dossier sur les ordinateurs simplifiés (à partir de 2’15, mon intervention apparaissant elle à 5’50 – cliquez sur la barre grise pour avancer) :
Thierry Steiner : On a beaucoup parlé récemment de la vidéosurveillance. La Commission Informatique et Libertés a tiré la sonnette d’alarme dans son rapport annuel il y a quelques jours : il y aurait en France environ 1 million de caméras braquées sur nous mais en réalité, personne n’est capable de donner un chiffre exact, et c’est bien là le problème, quand théoriquement la loi oblige à déclarer la moindre installation et surtout à prévenir explicitement les personnes risquant d’être filmées. Mais les caméras ne sont que la partie émergée d’une surveillance en plein boom : Big Brother a bien d’autres moyens à sa disposition pour vous observer, pour vous suivre, pour vous ficher, comme l’explique Jean Marc Manach, journaliste au Monde et à InternetActu.net, il est spécialiste des surveillances électroniques.
Jean Marc Manach : En France, on n’a pas le chiffre exact du nombre de caméras de vidéosurveillance : elles échappent, pour une bonne partie d’entre-elles, à la loi. Et c’est une des choses qu’il faut comprendre et mettre en avant par rapport à ces technologies de sécurité : on ne sait pas combien il y en a parce qu’on n’a pas de contrôle de ces caméras.
Et c’est en cela que c’est Big Brother : ce n’est pas tant parce qu’il y a des caméras de vidéosurveillance partout que parce qu’elles échappent au contrôle des citoyens. La loi prévoit pourtant qu’il y ait un contrôle, parce que s’il n’y a pas de contrôle, on n’est plus dans l’ordre de la démocratie.
Il y a aussi le téléphone portable qui nous suit partout, la carte bleue et les cartes à puce, il y a aussi l’internet, avec un projet de décret qui prévoit de garder pendant trois ans (et non deux comme déclaré au Micro de France Inter – NDLR) tout ce que vous faites sur internet, y compris vos mots de passe, nouveauté par rapport aux lois qui préexistaient (et qui ne prévoyait également de ne conserver nos données que pendant un an – NDLR).
Quand ils avaient adopté cette loi qui prévoit de tout surveiller sur l’internet, en 2001 juste après les attentats du 11 septembre, j’avais comparé ça au fait de voter une loi qui exigerait de tous les citoyens français qu’ils mettent une caméra de vidéosurveillance sur leurs têtes dès qu’ils se réveillent, que ce soit pour rester dans leur appartement ou pour aller dans la rue (voir, sur transfert.net, La faute à l’internet).
C’est quelque chose qui ne peut pas exister en France : on ne peut pas imaginer un gouvernement imposer à tous ses citoyens qu’ils mettent une caméra de vidéosurveillance sur leur tête; pourtant, sur l’internet, c’est passé comme une lettre à la Poste.
Et Big Brother c’est ça, cette évolution vers une société de surveillance où, petit à petit, à coups de technologies, on en arrive à un maillage de différentes technologies, une sorte de virtualisation de l’être humain qui fait qu’il est tout à fait normal, parce que la technologie le permet, la loi l’impose, et le gouvernement le met en place. «
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Réf. [ (Cyber)surveillance, (In)sécurité, 1/4 d'h de célébrité, Vie privée ]
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