Echelon/Frenchelon : mythes et réalités

05/05/2005, par jmm
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Ce ne sont que quelques notes, rédigée à l’occasion d’une conférence donnée à l’IEP de Rennes à l’invitation de l’association YSEGORIA le 14 avril dernier, et que je viens de mettre en ligne, extraits :

Introduction

Le programme anglo-saxon d’écoute des télécommunications, surnommé « Echelon », qui fait de temps à autres les choux gras d’Hollywood et de certains jeux vidéos, et constitue l’un des sujets de prédilection des adeptes des « théories de la conspiration », est un « secret défense » plus ou moins battu en brèche par certains journalistes et défenseurs des droits de l’homme et de la vie privée.

« Frenchelon », son (relatif) équivalent français (et partiellement européen), est bien moins connu : révélée en 1998, son existence n’a jamais entraînée qu’une poignée d’articles de quelques journalistes (un anglais, cinq français), quand bien même plusieurs rapports parlementaires, et communiqués de presse du ministère de la Défense, en parlent à mots couverts.

Dans les deux cas, ils ne sont que la partie emergée d’un iceberg dont l’ampleur croît à mesure que se développe la société de l’information; la question reste en effet de savoir ce qui, de l’espionnage militaire (et politique, et industriel), ou de la surveillance administrative (et policière, et domestique), constitue la plus grande menace en termes de libertés, et de démocratie.

(…)
Chronique d’une médiatisation
(…)
La guerre électronique, pendant militaire de l’explosion des « telcos »
(…)
Vers une banalisation de l’espionnage domestique
(…)

Conclusion

Echelon, Frenchelon et ses pairs ne sont pas prêts de disparaître, d’autant que la tendance est aujourd’hui à la banalisation des diverses formes de surveillance. La vidéosurveillance se fait « intelligente », les puces RFID commencent à être couplées aux modules de géolocalisation GPS, la traçabilité devient la norme, la vie privée un obstacle à la sécurité, « première des libertés ».

Ce que la technologie permet, la loi l’autorise. Ce qui, il y a quelques années, avant l’explosion de l’internet et de ses « nouvelles technologies », n’aurait pu passer, parce que la société civile aurait été scandalisée, et que les politiques auraient réagi, passe aujourd’hui comme une lettre à la Poste. Il suffit d’intaller tel ou tel logiciel, et de « cliquer là ».

La nouvelle loi Informatique et Libertés va ainsi à l’encontre de ce pour quoi elle avait initialement été adoptée. En 1978, elle visait à proscrire les dérives connue par la France, en matière de fichage de la population, sous l’occupation. Sa révision, en 2004, a libéralisé la création de fichiers administratifs et policiers, ôtant à la CNIL tout pouvoir de blocage de telles interconnexions.

Si l’espionnage (militaire, politique, économique) fait traditionnellement fi de la loi, le fait que la surveillance administrative et policière soit légalisée, et que leurs technologies fassent partie des secteurs de l’industrie « high tech » les plus en vue, et rémunérateurs, fait pour le moins le lit de « Big Brother ». A ceci près qu’il n’y a pas « un » Big Brother, mais qu’ils sont légions.

La question est moins celle des seuls programmes Echelon et Frenchelon -si illégaux, onéreux et potentiellement liberticides soient-ils- que celle de cette société de l’information qui, sous couvert d’administration et de gouvernance électronique, d’optimisation du marché par la traçabilité et de lutte contre l’ « insécurité », tend de plus en plus vers une société de surveillance.

Pour ceux que cela intéresse, la totale est là : http://jean-marc.manach.net/CQ/echelon.html.

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Réf. [ (Cyber)surveillance, (In)sécurité, Guerrelec, InfoGuerre, Vie privée ]
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4 Réponses a “Echelon/Frenchelon : mythes et réalités”

  1. x :

    Bonjour,

    Les installations militaires de Frenchelon, ne sont que la face visible de l’iceberg, en effet, la face cacher ce trouvant bien dans les sociétés travaillant directement dans la fabrication d’équipements de surveillance électronique (en particulier dans les domaines des radiocommunications, satellitaires et télécoms).

    En Allemagne, par exemple, Rhode & Schwars met depuis des années diverves « stations automatisés » RF (officiellement dans le cadre d’essais techniques) à disposition du BND (entres autres).

    Il en ai de même en France, avec Thalès et quelques d’autres !

    En général, les « stations automatisés  » RF, sont situé dans d’anciens châteaux d’eaux ou bien dans des tours relais de France Telecom « sous surveillance électronique » (il n’y a aucun technicien sur place), particulièrement en banlieue Parisienne, Lyon, Marseilles.

    Les informations COMINT, sont transmises directement par fibre optique au siège du service technique de l’entreprise concernée. C’est dans les locaux techniques des entreprises que peuvent intervenir en toute discrétion ensuite, des experts des services d’écoutes des diverses services de renseignements français.

    Ou bien, il y a retransmission par fibre optique (ou par faisceaux hertziens) des informations vers des stations d’écoutes officiels.

    L’avantage de cette pratique, est qu’il n’est nul besoin de mandant d’un juge d’instruction pour écouter les communications de citoyens français (dissidents politiques, journalistes, ONG..), puisque « officiellement », tout cela n’existe pas dans un état de droit !!

    L’autre avantage, est que ses sociétés ont toutes depuis des années, une véritable « culture » du secret, puisque travaillant sur tous les systèmes & projets d’équipements d’espionnage électronique au profit de nos services de sécurités !

    En contre-partie, nos services de renseignements (donc l’état), « participe » à aider ses entreprises dans l’obtention de marcher au sein de l’Europe et à travers le monde.

    C’est donc une affaire qui fonctionne parfaitement, ou toutes les entreprises du secteur « Défense » et l’état sont gagnants.

    C’est aussi l’un « des moyens » d’échapper à la curiosité des journalistes, comme avec le scandale de la construction d’une station d’écoute de la DGSE en Camargue (pour surveiller les communications des pays de l’Afrique du Nord), il y a quelques années. A la suite de cette affaire, plusieurs articles de presse et reportage radio et de télévision avaient « éventé » totalement le projet secret.

    Mais aussi au demande de contrôle « parlementaire », des activitées des services de renseignements français par les citoyens.

    Bref..

    Si le renseignement humain et électronique est indispensable en matière de défense nationale, il faut néanmoins qu’il y ai des « gardes fous » afin d’éviter les dérives dangereuses pour toute démocratie.

    X

  2. art :

    salut, sympa ton blog ! variment agréable de lire tes billets. pour en rrevenir à ce billet, parfois certaines parethèses en disent bien + que le reste e la phrase: « tend de plus en plus vers une societe de surveillance » :)

  3. art :

    bonjour, merci pour cxe billet intéressant (comme souventb !) ; heureusement que tu as précisé :,’tend de plus en plus vers une societe de surveillance’ :) on aurait eu du mal à saisir l’essnetiel :)

  4. Pourquoi la NSA espionne aussi votre papa (#oupas) | BUG BROTHER :

    […] Les révélations d'Edward Snowden ne sont pas si nouvelles que cela. En 2009, j'écrivais ainsi que la NSA a accès à toutes les communications des Américains (et surtout celles des journalistes), sachant que l'on savait déjà, depuis la fin des années 90, que la NSA surveillait les télécommunications des non-américains avec son système Echelon. […]

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